Lendemain de Noël, à quelques jours de l'an nouveau. Il pleut. Dans le Sud ? Vraiment? Ils sont sérieux là-haut?
Les passants sont irrités: les poches vides, les estomacs prêts à craquer et encore une raison de festoyer à venir...
On les sent au bout du rouleau. Le pas pressé, l'air tracassé... La pluie ça mouille, tout ça...
Vite il faut se réfugier! Hors de question de flâner là-dehors en attendant le resto et la soirée fous rires en perspective.
Trop risqué.
Tiens un cinéma! On entre. Il y aura bien un Hobbit ou un Loup pour nous accueillir.
Les yeux rivés sur l'écran, on cherche l'inspiration...
Les passants sont irrités: les poches vides, les estomacs prêts à craquer et encore une raison de festoyer à venir...
On les sent au bout du rouleau. Le pas pressé, l'air tracassé... La pluie ça mouille, tout ça...
Vite il faut se réfugier! Hors de question de flâner là-dehors en attendant le resto et la soirée fous rires en perspective.
Trop risqué.
Tiens un cinéma! On entre. Il y aura bien un Hobbit ou un Loup pour nous accueillir.
Les yeux rivés sur l'écran, on cherche l'inspiration...
Et puis là au milieu de la foule on aperçoit deux filles qui pérorent insouciemment.
Toutes deux se tiennent là, tranchant avec la morosité ambiante, pouffant telles deux adolescentes en retard sur tout ce qui semble primordial à beaucoup mais leur paraît si dérisoire.
Deux greluches, en somme.
Deux greluches, en somme.
Et on aime les greluches, vous le savez.
Alors on n'a pas su résister.
Alors on n'a pas su résister.
"-On va voir quoi?
-Un truc qui dure pas plus de deux heures."
On sent les cinéphiles averties. Écoutons leurs conseils avisés.
"-Ah mais y'a Don Jon?
-Don Jon?
-Oui c'est une comédie romantique... Avec Scarlett Johansson.
-J'achète, rétorqua l'autre placidement...
-... Et Joseph Gordon-Levitt...
-Quoi??!!! Jsph Gordddd... Levi... (On sent qu'elle a du mal à déglutir - cf. portrait de la bête en affiche). Mais t'aurais trop dû me le dire dès le début, j'aurais dit ouiiiiii, dit-elle, se mettant à sautiller, la voix tremblante, l'air affolé
-Mais lis le résumé au moins, non?
-Quel résumé? Ah non, hein! Y'a JGL. Pas besoin de lire le résumé. Bon par contre je vais avoir besoin d'une bonne dose de pop corn pour me calmer..."
Bon.
On a hésité, mais cet échange ribéresque dont on est assez fins pour déceler le caractère hautement métaphysique, nous a définitivement convaincus:
Don Jon.
Nous aussi nous irons le voir.
Et parce que c'est dur d'écrire une critique sans avoir l'air de groupies écervelées, on les stalkera pour mieux les cerner à la fin du film et recueillir leurs réactions à chaud.
Et voici l'interview qu'elles ont bien voulu nous accorder:
Tu nous résumes le film en quelques phrases… et sans spoiler!
B: "Don Jon c’est l’histoire d’un beau gosse Dom Juan moderne accro à la salle de sport et à la messe qui collectionne les conquêtes sans y trouver le plaisir qu’il a à mater du porno. Et puis un soir, il rencontre Barbara (Scarlett Johansson) « la plus belle chose qu’il ait jamais vu » et il en tombe amoureux. Du coup forcément, les règles du jeu changent."
S: Je vais faire pire que spoiler: je vais teaser! Allez, je te résume le film en une phrase: "Le jeu de l'amour et du queutard", ou l'histoire d'un queutard qui tombe sur l'amour par hasard. Ok, ça faisait deux phrases... Ok...
Ta scène préférée ?
B: J’ai bien aimé les scènes de repas en famille qui sont récurrentes dans le film. La famille italo-américaine au moment du repas c’est une mise en scène rituelle et excessive avec la télé en arrière fond. Le héros se confronte fatalement à son père (Tony Danzaaaaa qui a trop bien vieilliiiiiii hhhiiiiiiiiiiiiiiii)sur des sujets anodins : ça s’énerve, ça hausse le ton, ça se lève de table, dans tous les cas père et fils ne sont jamais d’accord bien qu’étant les mêmes. Il y a la mère un peu neuneu qui rêve que son grand fiston lui ramène la perle rare et la sœur blasée qui ne prend même plus la peine de parler et textote à tout-va.
S: Je suis assez prude, mais je dois dire que ma scène préférée, ou plutôt celle qui m'a marquée, c'est quand Barbara dresse Jon et le pousse, par des moyens pas très catholiques, à lui obéir au doigt et l'œil. C'est à la fois pathétique et époustouflant. Cette scène illustre à elle seule les rapports de force qui régissent parfois les relations homme / femme...
Très instructif; il faudrait peut-être indiquer au bas de l'écran:
"Scène réalisée par des professionnels. A ne pas essayer à la maison."
Ta réplique préférée ?
B: C’est de l’approximatif, mais le moment où le personnage de Julianne Moore dit à Don Jon que «tout est faux » dans les films pornos qu’il regarde compulsivement. Il lui assure le contraire sans comprendre qu’elle ne parle pas de l’acte en lui-même…
Nous aussi nous irons le voir.
Et parce que c'est dur d'écrire une critique sans avoir l'air de groupies écervelées, on les stalkera pour mieux les cerner à la fin du film et recueillir leurs réactions à chaud.
Et voici l'interview qu'elles ont bien voulu nous accorder:
Tu nous résumes le film en quelques phrases… et sans spoiler!
B: "Don Jon c’est l’histoire d’un beau gosse Dom Juan moderne accro à la salle de sport et à la messe qui collectionne les conquêtes sans y trouver le plaisir qu’il a à mater du porno. Et puis un soir, il rencontre Barbara (Scarlett Johansson) « la plus belle chose qu’il ait jamais vu » et il en tombe amoureux. Du coup forcément, les règles du jeu changent."
S: Je vais faire pire que spoiler: je vais teaser! Allez, je te résume le film en une phrase: "Le jeu de l'amour et du queutard", ou l'histoire d'un queutard qui tombe sur l'amour par hasard. Ok, ça faisait deux phrases... Ok...
Ta scène préférée ?
B: J’ai bien aimé les scènes de repas en famille qui sont récurrentes dans le film. La famille italo-américaine au moment du repas c’est une mise en scène rituelle et excessive avec la télé en arrière fond. Le héros se confronte fatalement à son père (Tony Danzaaaaa qui a trop bien vieilliiiiiii hhhiiiiiiiiiiiiiiii)sur des sujets anodins : ça s’énerve, ça hausse le ton, ça se lève de table, dans tous les cas père et fils ne sont jamais d’accord bien qu’étant les mêmes. Il y a la mère un peu neuneu qui rêve que son grand fiston lui ramène la perle rare et la sœur blasée qui ne prend même plus la peine de parler et textote à tout-va.
S: Je suis assez prude, mais je dois dire que ma scène préférée, ou plutôt celle qui m'a marquée, c'est quand Barbara dresse Jon et le pousse, par des moyens pas très catholiques, à lui obéir au doigt et l'œil. C'est à la fois pathétique et époustouflant. Cette scène illustre à elle seule les rapports de force qui régissent parfois les relations homme / femme...
Très instructif; il faudrait peut-être indiquer au bas de l'écran:
"Scène réalisée par des professionnels. A ne pas essayer à la maison."
Ta réplique préférée ?
B: C’est de l’approximatif, mais le moment où le personnage de Julianne Moore dit à Don Jon que «tout est faux » dans les films pornos qu’il regarde compulsivement. Il lui assure le contraire sans comprendre qu’elle ne parle pas de l’acte en lui-même…
S: «Les films et le porno c'est différent: y'a des prix pour récompenser les films» -
«Ben y'a des prix pour les pornos aussi...»
Celui qui a dit que les hommes venaient de Mars et les femmes de Venus aurait aussi apprécié cette réplique. Il l'aurait même écrite! Elle résume la dualité et la complémentarité des hommes et des femmes.
Les plus ? Les moins ?
B:
Les plus : la manière habile de prendre les clichés à conte pied. Tony Danza de madame est servie en macho italien en rivalité avec son fils pendant que sa femme fait des allers retours entre la table et la cuisine pour les servir… Scarlett Johansson en cliché du fantasme masculin, un peu vulgaire mais toujours inaccessible (elle a un sacré caractère dans le film), une espèce de cagole américaine sûre d’elle et de ce qu’elle veut avec tout ce que ça implique : le physique exagérément sexy et la grande gueule.
Les moins : je n’ai pas ri aux éclats, et c’est quand même ce que j’attend d’une comédie. De façon générale je suis toujours un peu déçue par ce côté « doux amer » des comédies actuelles, comme s’il fallait nécessairement une note de gravité à un moment ou un autre pour donner un air intelligent et réfléchi au film.
S:
Les plus: J'ai aimé les rôles à contre-emploi des deux acteurs. Ils étaient vraiment loin de leur image habituelle.
J'ai aussi aimé la façon dont le film a subtilement évolué de comédie grasse à comédie romantique, puis en une analyse sans concession des rapports sociaux.
Enfin, je dois dire que j'ai adoré la bande originale: du hip hop bien lourd qui a fait grincer mon siège plus d'une fois et a donné l'occasion à JGL de dévoiler ses talents de rappeur. C'était trooop mignon!
Les moins: Pas grand chose, à part le caractère cru de certaines scènes. Ok, de beaucoup de scènes. Je n'arrêtais pas de dire "Mais... Euh... Je vais être traumatisée en sortant d'ici, moi..."
JGL, t’en as pensé quoi ?
B: Je ne vis pas sur une autre planète –quoi que certains vous diront peut-être le contraire…- mais je n’avais encore jamais vu de film avec lui. Je le connaissais quand même mais je n’étais pas motivée par les mêmes critères que S… Je sais que son rôle est à contre emploi des précédents : il m’a suffit d’écouter les interjections dégoutées et déçues de S… quand il se masturbe devant son ptit porno, effet comique supplémentaire pour moi, quoi qu’indépendant de la volonté du réalisateur.
S: Que du bien, vous pensez bien! Je suis allée voir le film pour lui. Je m'attendais à le voir parfait comme d'habitude mais je dois dire que le rôle détestable qu'il a campé et les cris d'horreur qu'il m'a fait pousser m'ont d'autant plus séduite. C'est un bon acteur, doublé d'un réalisateur et scénariste prometteur. Euh... J'ai envie de dire: "Euh... il est libre, JGL?"
Et Scarlett dans tout ça ?
B: Je l’ai trouvé brillante dans son interprétation, sa façon de se parodier elle-même. Beaucoup de charisme et un physique tout en courbe dont elle se sert à la perfection pour le film. Un petit mot aussi pour Julianne Moore, parfait contrepied de Scarlett. D’un côté la blonde à forte poitrine et de l’autre la quarantenaire, rousse, dépressive mais charmante. Deux incarnations différentes de la séduction qui se complètent très bien, même si elles ne se croisent jamais durant le film.
S: Scarlett était magnifique. Je n'ai jamais vraiment compris ce qu'on lui trouvait mais le trait étant plus forcé, j'ai pu me mettre dans la tête d'un mâle de base: Scarlett c'est la bombe.com. Son incarnation de la pouffe est tout simplement magistrale! Je trouve qu'elle devrait recevoir un Oscar juste pour la façon dont elle mâche son chewing-gum et un Grammy pour son déhanché envoûtant. Elle est à la fois agaçante et attendrissante.
Tu retiens quoi du film en gros?
B: De façon générale, une critique réussie des comédies romantiques et des rapports –sexuels, de couple, familiaux- modernes. D’un côté un accro au porno déçu par la réalité de l’acte et de l’autre, une accro à une vision romantique et toute aussi factice de la vie de couple et de famille. Franchement ça fait du bien.
S: En gros, c'est un film surprenant au cours duquel les clichés de base sont amplifiés pour être mis au service d'une analyse assez pertinente des relations entre les sexes et du jeu de mascarade sociale auquel chacun se livre: les hommes se complaisent dans une forme de virilité caricaturale, les femmes se travestissent pour mieux séduire, les uns s'affichent sur les bancs de l'église pour se racheter une conscience, tandis que d'autres jouent les quadras désabusées pour mieux exorciser le passé...
Voilà.
Merci encore aux greluches!
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