14 juillet 2015

| MATAHDATAH | Le retour de M.I.A. |

 
Hier. 
Twitter.
 
Ça:
 
Moi?
Surexcitation prévisible et impossible à contenir.
 
M.I.A. était de retour!
 Des semaines qu'elle nous faisait lanterner.
 
D'abord, impossible d'ouvrir la vidéo.
Non, rien à voir avec le fait qu'elle soit disponible en exclusivité sur la plateforme Connect d'Apple Music. Il suffisait de demander à "Mother", elle vous filait gracieusement un lien pour étancher votre curiosité.
Le voici d'ailleurs:
 
Non, j'étais nerveuse. Je me demandais ce que Maya nous avait réservé cette fois.
 
Il faut dire que mon admiration pour cet O.V.N.I. de l'industrie musicale remonte à ses débuts sur feu MySpace et n'a cessé de croître avec les années.
D'abord, " Arular ", pour le père, puis " Kala ", pour la mère, et " MAYA ", qui venait hélas saper la parfaite trilogie (pour ne pas dire "trinité") 
Mais, qu'on se rassure, depuis, Maya s'est rattrapée.
 [ lire "Le M.I.A. nouveau" pour plus de détails ]
 
 
Ce que j'ai aimé d'emblée chez Maya Arulpragasam, c'était l'ambiguïté raciale (on aurait pu être cousines, en vrai, si si, je vous jure! ^^) et l'ambiguïté culturelle qui en découle.
 
A une époque où on cherche à diviser, M.I.A. fait de sa musique un havre pour toutes les cultures et surtout les plus mal représentées, incomprises ou stigmatisées. A commencer par la sienne. 
L'univers de M.I.A. est savamment constitué de dancehall qu'elle a emprunté à la Caraïbe, de l'afrobeat made in Africa , des sonorités tamoules de son enfance et de tout ce que l'ethnocentrisme musical boude ouvertement. Elle, elle prend....
 
 
Son nouveau projet audiovisuel "Matahdatah Scroll 01 Broader than a border" n'allait pas me décevoir.
Il est à l'image de sa vision de la culture: plus large qu'une simple frontière. M.I.A. s'est promenée un peu partout sur le globe et a recueilli des influences disparates et des heures de pellicule qu'elle a filmées et montées toute seule, comme une grande. Tout cela n'est pas sans rappeler aux connaisseurs l'esthétique tiers-mondiste de "Kala" pour l'image ("Boyz" et "Birdflu" notamment, filmés en Afrique et en Inde) et celle tout aussi clandestine d' "Arular" pour le son.
 
C'est aussi ça que j'aime chez M.I.A.: cette croyance autistique en son art et en sa vision du monde.
Balancer du contenu sans tenir compte de ce qui se fait.
Avoir pour unique obsession l'authenticité.
Etre à la fois Chrétienne, de tradition Bouddhiste, faire un enfant à moitié Juif et afficher un immense respect pour la culture Arabo-Musulmane, à l'heure où il est de bon ton de cultiver les amalgames.
 
"Scroll 01" nous parle de  ça; des amalgames rassembleurs, les seuls qui devraient exister.
M.I.A. en a filmé la  première partie, "Swords" *, dans un temple indien et a mis en scène un groupe de jeunes filles maniant l'épée avec une dextérité effrayante. On voit une M.I.A. espiègle rôder dans les coulisses alors que les jeunes filles se préparent. On entend une M.I.A. hystérique pousser un cri strident pour les encourager. On est séduits par ce féminisme brut, voire brutal tant il est exotique.
 
 
La deuxième partie, M.I.A. l'a filmée en Côte d'Ivoire.
Pause: mais qui, dans le monde de la musique, se rendrait en Côte d'Ivoire pour filmer un clip?! Beyoncé (qu'elle a dit admirer au passage, et dont le mari - Jay Z - l'a signée chez Roc Nation il y a quelques années avant son départ pour Interscope en 2013) avait bien repéré trois danseurs du Mozambique sur YouTube et avait insisté pour danser avec eux sur "Run the World". Mais elle, elle ne s'était pas déplacée. Que nenni! Ils avaient été importés à Los Angeles, tous frais payés.
Lorsque M.I.A. découvre un danseur traditionnel ivoirien sur internet, elle s'envole ni une ni deux pour Abidjan, le traque, le trouve, lui passe "Warriors",  un des tubes de son dernier album "Matangi" et dans ma tête, elle lui  dit: "Maintenant, tu danses et après on discute", se contentant de quelques caméos et préférant en faire la star de la vidéo. 
 

Elle est comme ça, M.I.A.!
 Badass !
Elle fait fi des conventions et ne fait que ce qui lui plaît.
 
Pas surprenant puisque cette "déesse des mots" porte le nom de Matangi, la divinité bouddhiste de la musique et de l'apprentissage, qui trône fièrement, épée et tête de mort en main(s), représente le pouvoir du verbe et assure accessoirement, et en toute humilité, les transitions de "Scroll 01".
 
"Broader than a border"
Plus large qu'une frontière en effet: des danses traditionnelles indiennes au folklore ivoirien; d'un temple bouddhiste au pays Gouro; du Zaouli sur des rythmes tamouls...
 
A en perdre le Nord, et se dire qu'après tout, c'est mieux ainsi...
 
 
On attend la suite avec impatience!
 
-
 

* Et en attendant, on s'écoute "Swords" en boucle:



Voire "Baddygirl 2", hommage M.I.A.-esque à Beyoncé (la boucle est bouclée, trémolos dans la voix, tout ça):
 


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